A propos du projet
En Europe et ailleurs, les États sociaux s'effondrent. Face à des économies volatiles, à une précarité croissante et à une diversité de plus en plus conflictuelle, les États sociaux ne parviennent plus à remplir les contrats sociaux historiquement établis ni à répondre aux attentes profondément ancrés à leur égard.
Le projet « Prototyping Welfare in Europe » explore comment divers acteurs, travaillant pour et avec l’État, réimaginent l'aide sociale et remodèlent son avenir. Les anthropologues se sont longtemps tournés vers les mouvements sociaux et les initiatives populaires pour trouver des alternatives radicales aux modes de gouvernance existants. Cependant, le travail d'imagination et de réimagination réalisé dans des espaces moins radicaux, mais sanctionnés par l'État, a fait l'objet de beaucoup moins d'attention. Pourtant, ce sont précisément ces espaces qui pourraient préfigurer nos futures réalités.
Anouk de Koning (chercheure principale), Tessa Bonduelle, Martha Kapazoglou et Vénicia Sananès étudient comment l'aide sociale est redéfinie dans quatre villes européennes : Amsterdam, Londres, Marseille et Thessalonique. Grâce à des études de cas ethnographiques et de comparaisons approfondies, elles espèrent révéler les futurs modes de l'aide sociale européenne et les avenirs sociopolitiques qui s'y dessinent. Ce travail est généreusement financé par une bourse Vici du Conseil néerlandais de la recherche (NWO).
L'équipe examine comment divers acteurs – municipalités, écoles, associations caritatives, ONGs, églises, collectifs, entreprises sociales, etc. – (ré)imaginent l'État social, le contrat social et les mondes sociopolitiques dans leur travail auprès de personnes démunies. Lorsque les pourvoyeurs traditionnels d'aide sociale ne peuvent répondre aux besoins urgents en matière d'alimentation, de logement, de soins, d'éducation, et d’accompagnement, quels acteurs assument quels rôles, et pour qui ? Comment redéfinissent-ils les traditions de gouvernance, les structures d'aide sociale, et les imaginaires sociaux à travers leurs projets ? Quels avenirs ces projets dessinent-ils pour l’État social en Europe ?