Une aide sociale précaireFournir assistance et faire communauté en Grande-Bretagne

Alors que le système de protection sociale britannique peine à assurer une sécurité alimentaire, énergétique et de logement, divers acteurs sociaux fournissent ce que j'appelle une « aide sociale précaire » - un patchwork de projets sociaux précaires au niveau local dont la portée, les ressources et les durées sont limitées et souvent incertaines. Comment l'aide sociale précaire remodèle-t-elle l'aide sociale britannique?

En Grande-Bretagne, la crise du coût de la vie (the cost-of-living crisis) perdure. L'insécurité alimentaire et énergétique s'aggravent et s'étendent aux classes moyennes, jusque-là peu concernées par ce genre de phénomènes. Un nombre croissant de personnes se retrouvent aujourd'hui dans l'incapacité de subvenir à leurs besoins fondamentaux. Dans de nombreux cas, cette incapacité ne semble pas être un problème passager. Dans le contexte d'un système de protection sociale qui ne parvient pas à assurer une sécurité alimentaire, énergétique et de logement, de divers acteurs sociaux (municipalités, associations caritatives, fondations, entreprises sociales, écoles, etc.) se mobilisent au niveau local pour subvenir aux besoins fondamentaux de la population. Ces acteurs sociaux fournissent ce que j'appelle une « aide sociale précaire ». Incapables d'aider les résident·e·s à subvenir à leurs besoins au long terme, les acteurs sociaux financent et/ou gèrent un patchwork de projets sociaux au niveau local dont la portée, les ressources et les durées sont limitées et souvent incertaines.

Mes recherches explorent comment l'aide sociale précaire refaçonne les relations sociopolitiques en Grande-Bretagne. En prenant comme point de départ des projets d'aide alimentaire dans deux communes du Grand Londres, j'explore les modèles collectifs qui émergent lorsque divers acteurs sociaux tentent de répondre aux besoins des résident·e·s. Comment des projets tels que des centres alimentaires (food hubs) et des épiceries solidaires (pantries) créent-ils des formes de collectivité dans un contexte de crise persistante et d'incertitude ? Comment y fait-on communauté ? Et comment cela transforme-t-il les conceptions et attentes à l'égard de l'État social britannique ?